Jeûner avant une chimiothérapie : bonne ou mauvaise idée ?

Jeûner avant une chimiothérapie : bonne ou mauvaise idée ?

12 février 2018
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Il est parfaitement légitime, lorsque le cancer nous touche, de chercher à mettre toutes les chances de notre côté pour mieux vivre cette période, et parvenir à la guérison. Certains patients et proches se posent la question du bénéfice d’un jeûne thérapeutique avant une chimiothérapie afin de mieux en supporter les effets indésirables. Cependant, le corps médical peut se montrer circonspect, voire réticent face à cette demande.

De quels régimes parlons-nous ?

Ces régimes ont tous en commun de limiter la consommation de sucres, en limitant ou non les autres sources de calories et de protéines. On distingue :
le jeûne intermittent est une alimentation normale entrecoupée de courtes périodes (24h à 72h) d’absence totale de toute nourriture ou même de compléments nutritionnels ;
la restriction calorique consiste à réduire de façon importante (20 à 40%) les apports en énergie et en protéines durant 5 à 7 jours avant le traitement par chimiothérapie, sans complément nutritionnel ;
le régime cétogène est une alimentation très appauvrie en glucides (< 5%) mais comportant 80 à 90 % de lipides (matières grasses) et une quantité normale de protéines. Ainsi, même si la proportion des nutriments est différente, le régime cétogène apporte autant de calories qu’une alimentation normale. La durée de cette restriction doit dépasser sept à dix jours.

Quels bénéfices attendre de ces régimes ?

De nombreuses pages Internet (plus ou moins sérieuses et documentées) sont consacrées au jeûne thérapeutique lors du traitement d’un cancer.
Même si la motivation du patient à suivre ce type de régime est très forte, les médecins recommanderont, le plus souvent, de ne pas pratiquer ces régimes, car qu’à l’heure actuelle, les données scientifiques ne permettent pas de dire si le jeûne thérapeutique apporte, ou pas, un quelconque bénéfice.
Les seules études qui ont montré un effet du jeûne thérapeutique sur la réponse des cellules au traitement par chimiothérapie, ont été menées sur des cellules en culture (en laboratoire) et sur des souris. Impossible donc d’en tirer des conclusions sur l’Homme malade.
Le sujet mérite pourtant que l’on s’y consacre. Une vingtaine d’essais cliniques sont actuellement en cours dans le monde, afin d’étudier l’effet des régimes restrictifs au cours du traitement d’un cancer. Leurs conclusions permettront peut être d’en savoir plus sur ce sujet.

Le cancer et la perte de poids

Si les effets bénéfiques des régimes restrictifs en cas de cancer ne sont pas connus, les potentiels effets négatifs, eux, le sont depuis longtemps.
Une situation de cancer est en soi, une situation qui prédispose à perdre du poids. En effet, les personnes qui en
sont atteintes ont tendance à voir leur prise alimentaire diminuer d’un côté (diminution de l’appétit, difficulté à
déglutir, douleurs, etc.) et leurs besoins énergétiques augmenter de l’autre.
Il en résulte une perte de poids qui affecte principalement la masse maigre, c’est-à-dire la masse musculaire. C’est ce
que l’on appelle un état de dénutrition.
Dans cette situation, un régime restrictif risque d’exposer encore davantage la personne à une dénutrition, ou d’aggraver celle-ci.
Or, perdre du poids durant un cancer et être en état de dénutrition, ce n’est pas anodin et sans conséquence. En effet, une dénutrition expose davantage aux risques d’infections, diminue la réponse aux traitements, augmente la durée du séjour hospitalier…

 

C’est donc avec l’équipe médicale et diététique que vous discuterez de l’intérêt d’un régime restrictif. Dans tous les cas, qu’un jeûne thérapeutique vous soit proposé ou pas, un suivi diététique est indispensable durant un cancer.

 

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